D’une manière générale, donner des consignes de vote aux électeurs c’est
faire fi de leur intelligence, de leur indépendance, de leur capacité
d’analyse, de leur liberté. Donner des consignes de vote, c’est dire le bien et
le mal aux simples d’esprit qui constituent le peuple. Donner des consignes de vote,
c’est se croire détenteur de la vérité. Mais qui sont-ils donc pour s’arroger
un tel droit ? Comment considèrent-ils leurs concitoyens ? Au nom de quoi
l’opinion politique d’Enrico Macias, ou celle de Yannick Noah est-elle supposée
influencer le peuple ? Sont-ils d’éminents analystes politiques, ou
socio-économiques, des idéologues de renom, sont-ils de meilleures personnes,
ont-ils une autorité morale sur nous, comme l’a eue à une époque lointaine
l’Église catholique, qui elle aussi indiquait aux ouailles comment il fallait
voter ?
Nouveauté dans cette campagne présidentielle, des communautés
religieuses, n’ont pas hésité à s’y mettre elles aussi. Personnellement, je serais tentée de donner
la palme au « holding » EPUF (Église Protestante Unie de France), Fédération
des protestants de France, journal Réforme, déclarant courageusement que le
programme RN « mettrait en cause et trahirait le message de l’Évangile ». Et
moi qui pensais que les protestants étaient libérés du dogmatisme catholique,
n’avaient pas de pape pour leur dire le vrai du faux, mais avaient cette
relation directe à Dieu sans intermédiaire qui leur donnait discernement et
liberté. Si l’EPUF faisait plus
confiance spirituellement à ses membres, elle ne serait pas obligée de se
livrer à cette mascarade d’un autre temps. Mais encore faudrait-il en amont
qu’elle ait été capable de les nourrir spirituellement ; les sirènes du monde
l’ont éloignée de cette mission fondamentale pour en faire une ONG humaniste
progressiste qui à terme pourra très bien se passer de l’Évangile. Autre
conséquence de cette prise de position : une division au sein des églises, à
moins que ce ne soit une façon subliminale de signifier aux contrevenants
qu’ils n’auraient plus leur place dans une communauté déjà beaucoup désertée.
Même l’Église Catholique n’a pas osé donner de consigne officielle, elle a
simplement incité les fidèles à voter « en conscience, à la lumière de
l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église ».
En revanche, j’ai beaucoup apprécié la position du CNEF (Conseil
National des Évangéliques de France) dont malheureusement aucun media n’a
parlé. Il ne donne aucune consigne de vote, comme à son habitude ; chaque
chrétien fait son choix guidé par une conviction personnelle éclairée
spirituellement. Il met aussi l’accent sur le vote comme devoir majeur du
croyant. « À l’examen des programmes, et conscient qu’aucun candidat ne saura
satisfaire à l’ensemble de ces critères, il appartiendra alors à chaque
électeur de tendre le fil de la réflexion jusqu’à l’isoloir », (Romain
Choisnet, directeur de la communication). Voilà une position d’une grande
sagesse.
Pour finir, et afin que les choses soient bien claires, je ne suis pas
en train de prendre parti pour l’un ou l’autre des candidats ; je déplore des tentatives
de manipulation qui me sont odieuses, et qui ne laissent présager rien de bon
pour la société qui est en train de se dessiner. En mon âme et conscience j’ai
décidé de ne pas voter à cette élection. Mais ne le dites à personne...
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