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dimanche 24 avril 2022

Consignes de vote et magistère moral

D’une manière générale, donner des consignes de vote aux électeurs c’est faire fi de leur intelligence, de leur indépendance, de leur capacité d’analyse, de leur liberté. Donner des consignes de vote, c’est dire le bien et le mal aux simples d’esprit qui constituent le peuple. Donner des consignes de vote, c’est se croire détenteur de la vérité. Mais qui sont-ils donc pour s’arroger un tel droit ? Comment considèrent-ils leurs concitoyens ? Au nom de quoi l’opinion politique d’Enrico Macias, ou celle de Yannick Noah est-elle supposée influencer le peuple ? Sont-ils d’éminents analystes politiques, ou socio-économiques, des idéologues de renom, sont-ils de meilleures personnes, ont-ils une autorité morale sur nous, comme l’a eue à une époque lointaine l’Église catholique, qui elle aussi indiquait aux ouailles comment il fallait voter ?

 

Nouveauté dans cette campagne présidentielle, des communautés religieuses, n’ont pas hésité à s’y mettre elles aussi.  Personnellement, je serais tentée de donner la palme au « holding » EPUF (Église Protestante Unie de France), Fédération des protestants de France, journal Réforme, déclarant courageusement que le programme RN « mettrait en cause et trahirait le message de l’Évangile ». Et moi qui pensais que les protestants étaient libérés du dogmatisme catholique, n’avaient pas de pape pour leur dire le vrai du faux, mais avaient cette relation directe à Dieu sans intermédiaire qui leur donnait discernement et liberté.  Si l’EPUF faisait plus confiance spirituellement à ses membres, elle ne serait pas obligée de se livrer à cette mascarade d’un autre temps. Mais encore faudrait-il en amont qu’elle ait été capable de les nourrir spirituellement ; les sirènes du monde l’ont éloignée de cette mission fondamentale pour en faire une ONG humaniste progressiste qui à terme pourra très bien se passer de l’Évangile. Autre conséquence de cette prise de position : une division au sein des églises, à moins que ce ne soit une façon subliminale de signifier aux contrevenants qu’ils n’auraient plus leur place dans une communauté déjà beaucoup désertée. Même l’Église Catholique n’a pas osé donner de consigne officielle, elle a simplement incité les fidèles à voter « en conscience, à la lumière de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église ».

 

En revanche, j’ai beaucoup apprécié la position du CNEF (Conseil National des Évangéliques de France) dont malheureusement aucun media n’a parlé. Il ne donne aucune consigne de vote, comme à son habitude ; chaque chrétien fait son choix guidé par une conviction personnelle éclairée spirituellement. Il met aussi l’accent sur le vote comme devoir majeur du croyant. « À l’examen des programmes, et conscient qu’aucun candidat ne saura satisfaire à l’ensemble de ces critères, il appartiendra alors à chaque électeur de tendre le fil de la réflexion jusqu’à l’isoloir », (Romain Choisnet, directeur de la communication). Voilà une position d’une grande sagesse.

 

Pour finir, et afin que les choses soient bien claires, je ne suis pas en train de prendre parti pour l’un ou l’autre des candidats ; je déplore des tentatives de manipulation qui me sont odieuses, et qui ne laissent présager rien de bon pour la société qui est en train de se dessiner. En mon âme et conscience j’ai décidé de ne pas voter à cette élection. Mais ne le dites à personne...