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mardi 25 janvier 2022

Recrutement et formation des enseignants

Programme d'Eric Zemmour pour l'École: Recruter et former les futurs enseignants de manière plus exigeante.   

Mon point de vue concerne avant tout l’enseignement en Primaire que je connais bien.   

C’est en effet un minimum indispensable si l’on veut rebâtir une  École efficace. Voilà qui nous ramène à la question de l’idéologie pédagogique qui actuellement règne dans la formation qu’elle soit initiale, ou continue. Dans les écoles de formation, quels que soient leurs noms ou leur structure administrative,  il s’agit de formater les futurs enseignants au contructivisme lequel est le fruit d’une idéologie dont on sait maintenant, que sa forme pédagogique est inefficace, par l’abondance des analyses, mega analyses et par l’observation de terrain. Une  meilleure formation devrait faire accepter la notion d’efficacité et proposer des méthodes pédagogiques dont l’efficacité a été démontrée et éprouvée. Bien sûr la liberté pédagogique des enseignants est importante, mais elle ne doit pas sortir du cadre de l’efficacité. Choisir parmi les méthodes efficaces relève  du simple bon sens. L’étude de l’ensemble des méthodes efficaces devrait être l’axe essentiel de la formation des futurs enseignants.

Ce choix d’introduire la notion d’efficacité et les données probantes ne peut être qu’un choix politique imposé, au vu de l’impossibilité du débat sur la question. Qui nierait l’importance des données probantes en médecine, en architecture, en écologie ? Alors pourquoi le domaine éducatif serait-il le seul à les ignorer ?

Quant au recrutement des enseignants, il est aussi à repenser complètement. Le niveau baisse, cette phrase s’applique aussi aux enseignants. J’ai été enseignante et malgré un certain corporatisme, je suis consternée d’avoir observé à maintes reprises que certains, pour ne pas dire beaucoup, maîtrisent mal la langue, l’orthographe, la grammaire … sans parler des mathématiques. Comme cette collègue, enseignante de CM2, qui me demanda en toute hâte en fin de récréation, de lui expliquer la différence entre un triangle isocèle et un triangle équilatéral, car elle s’apprêtait à  faire sa leçon sur le sujet. Mais cela va dans le sens idéologique du constructivisme qui affirme qu’on n’a pas besoin d’un « sachant » pour enseigner, qui compare l’enseignant au jardinier qui regarde pousser ses plantes s’inscrivant ainsi dans le courant « naturaliste » que ED Hirsch a bien décrit. 

Le recrutement d’enseignants ayant un niveau minimal pour enseigner leurs matières, nécessiterait un concours très sélectif. Or, le métier n’est plus attractif en raison des bas salaires, de la difficulté d’exercice liée à la perte d’autorité, de  l’intrusion des parents dans le domaine pédagogique, d’une hiérarchie ne soutenant pas son personnel, de conditions épouvantables dans des quartiers difficiles. Quel jeune ayant un bon niveau général se lancerait-il dans un métier si peu payé, si mal reconnu avec des difficultés d’exercice telles ? La « crise des vocations » est bien réelle.

Eric Zemmour évoque des primes, une progression au mérite mais ne dit rien du salaire de base. Les primes malheureusement n’entrent pas en compte pour la constitution des pensions de retraite.  Quant à la question des primes au mérite,  reste à savoir comment définir le mérite, et surtout qui s’en ferait juge et sur quoi il s’appuierait…



dimanche 23 janvier 2022

L'idéologie dans l'Ecole

 Défendre l’école face aux idéologies.

Voilà un autre point du programme d’Eric Zemmour quant à l’école, et non des moindres.

L’idéologie est bel et bien dans l’école alors qu’elle n’y a pas sa place. Elle y est entrée par différentes portes. Par en haut tout d’abord, puisque les injonctions officielles en sont elles mêmes marquées. L’imposition des pratiques constructivistes est un fruit idéologique, la persistance dans cette voie malgré des résultats catastrophiques en est la preuve. Elle y est entrée par les  contenus  enseignés, par les activités menées, par les orientations des programmes, par les manuels ou parfois l’absence de manuels.  Elle y est entrée par l’arrivée des parents d’élèves dans les écoles et leur participation active et critique, même sur le plan pédagogique. Elle y est entrée par les intervenants divers et variés qui peuplent les écoles à longueur d’années, elle y est entrée par les enseignants eux-mêmes qui peuvent librement véhiculer leurs opinions, leurs marottes aussi échevelées soient-elles, sans aucun garde-fou pour peu qu’elles soient habilement présentées comme « projet innovant humaniste progressiste ».

Eric Zemmour veut mettre un terme à cela et il a entièrement raison. L’école doit être le lieu du savoir, rien d’autre. Le but de l’enseignement n’est pas d’inculquer des opinions mais de former des citoyens équipés culturellement pour se forger eux-mêmes des opinions. C’est là le véritable esprit critique.

La question qui me vient immédiatement à l’esprit est : comment faire ? Même les ministres les plus soucieux d’efficacité et désireux de redonner à l’école son efficacité s’y sont cassé les dents. Le meilleur exemple en fut Xavier Darcos, qui ne put aller au terme d’une action pourtant prometteuse. Jean-Michel Blanquer était bien parti lui aussi, tout au moins dans les paroles. Autrement dit, un ministre ne fait pas tout, un ministre ne peut pas tout, en tout cas quand il a l’intention de réintroduire le savoir et l’efficacité dans l’enseignement.

Supprimer l’idéologie nécessiterait d’agir sur plusieurs fronts. Le plus simple peut-être concernerait la pédagogie. Introduire les données probantes serait le meilleur moyen : faire connaître les travaux théorique et expérimentaux qui ont passé au crible les différentes méthodes pédagogiques, pour en sortir celles qui sont les plus efficaces auprès des élèves. Concéder aux enseignants la liberté pédagogique dans le cadre strict du choix d’une méthode reconnue comme efficace. En corollaire, les programmes officiels devraient être injonctifs et détaillés en décrivant exactement par niveau l’ensemble des savoirs et habiletés devant être enseignés. Car le formatage idéologique des élèves peut passer aussi par les contenus enseignés.

Se poserait alors l’épineuse question des hiérarchies intermédiaires qui, en tout cas, dans l’enseignement primaire, font la pluie et le beau temps. Et plus largement la question des personnels déjà en place, et formatés au plus profond d’idéologie constructiviste.  Il est clair que c’est un chantier de grande envergure  qui n’ira pas sans grincement de dents.

Dans un récent article pour la revue Résonances, j’ai brièvement répondu à la question : qu’y a-t-il en trop dans l’école ? La première chose qui m’est venue à l’esprit : l’idéologie.