Défendre l’école face aux idéologies.
Voilà un autre point du programme d’Eric
Zemmour quant à l’école, et non
des moindres.
L’idéologie est bel et bien dans l’école alors qu’elle n’y a pas sa place.
Elle y est entrée par différentes portes. Par en haut tout d’abord, puisque les
injonctions officielles en sont elles mêmes marquées. L’imposition des
pratiques constructivistes est un fruit idéologique, la persistance dans cette
voie malgré des résultats catastrophiques en est la preuve. Elle y est entrée
par les contenus enseignés, par les activités menées, par les
orientations des programmes, par les manuels ou parfois l’absence de
manuels. Elle y est entrée par l’arrivée
des parents d’élèves dans les écoles et leur participation active et critique,
même sur le plan pédagogique. Elle y est entrée par les intervenants divers et
variés qui peuplent les écoles à longueur d’années, elle y est entrée par les
enseignants eux-mêmes qui peuvent librement véhiculer leurs opinions, leurs
marottes aussi échevelées soient-elles, sans aucun garde-fou pour peu qu’elles
soient habilement présentées comme « projet innovant humaniste
progressiste ».
Eric Zemmour veut mettre un terme à
cela et il a entièrement raison. L’école doit être le lieu du savoir, rien
d’autre. Le but de l’enseignement n’est pas d’inculquer des opinions mais de
former des citoyens équipés culturellement pour se forger eux-mêmes des
opinions. C’est là le véritable esprit critique.
La question qui me vient
immédiatement à l’esprit est : comment faire ? Même les ministres les
plus soucieux d’efficacité et désireux de redonner à l’école son efficacité s’y
sont cassé les dents. Le meilleur exemple en fut Xavier Darcos, qui ne put
aller au terme d’une action pourtant prometteuse. Jean-Michel Blanquer était
bien parti lui aussi, tout au moins dans les paroles. Autrement dit, un
ministre ne fait pas tout, un ministre ne peut pas tout, en tout cas quand il a
l’intention de réintroduire le savoir et l’efficacité dans l’enseignement.
Supprimer l’idéologie nécessiterait
d’agir sur plusieurs fronts. Le plus simple peut-être concernerait la
pédagogie. Introduire les données probantes serait le meilleur moyen :
faire connaître les travaux théorique et expérimentaux qui ont passé au crible
les différentes méthodes pédagogiques, pour en sortir celles qui sont les plus
efficaces auprès des élèves. Concéder aux enseignants la liberté pédagogique
dans le cadre strict du choix d’une méthode reconnue comme efficace. En
corollaire, les programmes officiels devraient être injonctifs et détaillés en
décrivant exactement par niveau l’ensemble des savoirs et habiletés devant être
enseignés. Car le formatage idéologique des élèves peut passer aussi par les
contenus enseignés.
Se poserait alors l’épineuse question
des hiérarchies intermédiaires qui, en tout cas, dans l’enseignement primaire,
font la pluie et le beau temps. Et plus largement la question des personnels déjà
en place, et formatés au plus profond d’idéologie constructiviste. Il est clair que c’est un chantier de grande
envergure qui n’ira pas sans grincement
de dents.
Dans un récent article pour la revue Résonances, j’ai
brièvement répondu à la question : qu’y a-t-il en trop dans l’école ? La première chose qui m’est
venue à l’esprit : l’idéologie.
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