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mardi 24 septembre 2024

Dieu, la science, les preuves - Michel Yves Bolloré, Olivier Bonnassies, 2023

 

Ce livre a été un franc succès de librairie, il a été vendu à plus de 250 000 exemplaires depuis sa parution, il est actuellement disponible en version poche. Il semblerait donc que la campagne de dénigration qui a spontanément accompagné sa parution n’ait pas eu l’efficacité escomptée. Mon attention a été retenue en particulier par l’implication militante de L’ORELA [1], qui a immédiatement titré « un inquiétant succès » pour ensuite dresser une liste exhaustive des raisons pour lesquelles un esprit éclairé ne devrait pas le lire : critique de l’éditeur, de l’intention annoncée de vulgarisation, des compétences des auteurs, de la mise en page, de la communication médiatique. Sur le fond, tout est démoli, que ce soit les citations, les convocations historiques ou scientifiques, les raisonnements ; mais, par-dessus tout, ce qui irrite les détracteurs est la mise à nu du pouvoir de l’idéologie sur la science, qui a accompagné les dernières décennies. Mais il ne faut pas se surprendre d’une telle réaction, sur un sujet qui, en France est extrêmement sensible. De toute évidence, l’ouvrage dérange. Et je crois que c’est une bonne chose.

Pour ma part, je lui trouve trois grandes qualités : son sérieux, son honnêteté intellectuelle, son accessibilité. Qualités très appréciables dans une société qui trop souvent préfère le jugement à l’argumentation.  Je suis particulièrement sensible au dévoilement du pouvoir de l’idéologie matérialiste sur la science, alors que celle-ci a toujours clamé être affranchie de toute influence idéologique, quelle qu’elle soit.  Cela n’est pas sans me rappeler un phénomène similaire dans le domaine éducatif, qui depuis les années 70, a été trusté par l’idéologie socio-constructiviste, laquelle a conduit l’École à l’état de délabrement dans lequel elle se trouve aujourd’hui.   Ne serait-ce que pour cela, cet ouvrage est à lire, mais il y a bien plus. Nous avons dans ce livre une somme très riche d’outils permettant à toute personne curieuse de s’équiper pour une réflexion personnelle. S’il fallait en évoquer la substantifique moelle, je citerais cette phrase de Pasteur maintenant bien connue : « Peu de science m'éloigne de Dieu, beaucoup m'en rapproche. »

La thèse matérialiste qui a dominé dans le monde scientifique s’appuie sur des principes intangibles tels que : l’univers ne peut avoir de début, « du néant rien ne peut sortir » (Parménide), et de la loi de l’univers selon laquelle « rien ne se crée, rien ne se perd » ; l’univers ne peut donc pas avoir de fin telle qu'une mort thermique car cela impliquerait un début ; les lois déterministes sont issues du hasard et donc il est fort peu probable qu’elles soient favorables à la vie. Malgré la prédominance de ce courant dans le monde scientifique, des avancées ont été faites et comme le résume très bien M.Y. Bolloré, finalement, « les savants ont découvert ce qu’ils ne voulaient pas découvrir. » L’histoire de   ces avancées, parfois très romanesque, est passionnante.

Après ce cheminement difficile, voici ce qui fait consensus aujourd'hui dans le monde scientifique: l'expansion accélérée de l'univers;  la mort thermique future de l'univers ; la fin des étoiles et de toute vie dans 1030 années; dans  1030 à 1038 années, la désintégration des protons et la disparition des neutrons; dans 10100 années, la disparition des trous noirs; au-delà de 10100 années , la Dark Era ou mort thermique complète.

     Mais l’ouvrage ne s’arrête pas là. Les auteurs ont voulu présenter un autre angle d’étude afin de compléter leur enquête. Après les preuves liées à la science, viennent les « preuves hors sciences » qui abordent la question de l’existence de Dieu par les écrits bibliques, le faits historiques, le raisonnement, la philosophie, la morale, spiritualité. Cette partie est à mon sens moins forte que la précédente et le titre seul pourrait d’emblée rebuter les athées ou agnostiques qui en seraient arrivés à ce stade de leur lecture. Elle reste néanmoins intéressante.

En conclusion, les croyants n’auront pas besoin de ce livre pour fortifier leur foi mais néanmoins l’apprécieront pour la mise au jour sur le long terme et la démonstration rationnelle que les chrétiens ne souffrent pas "d'infantilisme mental" selon l'expression maintenant consacrée de Michel Onfray. Les athées militants ne le liront pas, ce qui ne les empêchera pas de critiquer. Les agnostiques y trouveront peut-être des réponses ou au moins approfondiront leur réflexion. En tout cas, l’intention annoncée des auteurs a été atteinte ; ils voulaient remettre dans le débat public la question de Dieu. Ils y sont arrivés au vu du succès en librairie mais aussi des critiques et discussions qui ont suivi. O.Bonnassies et M.Y. Bolloré souhaiteraient des débats publics. Espérons qu’ils seront entendus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] . Observatoire des religions et de la laïcité, Université libre de Bruxelles.

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