Ce livre a été
un franc succès de librairie, il a été vendu à plus de 250 000 exemplaires
depuis sa parution, il est actuellement disponible en version poche. Il
semblerait donc que la campagne de dénigration qui a spontanément accompagné sa
parution n’ait pas eu l’efficacité escomptée. Mon attention a été retenue en
particulier par l’implication militante de L’ORELA ,
qui a immédiatement titré « un inquiétant succès » pour ensuite dresser
une liste exhaustive des raisons pour lesquelles un esprit éclairé ne devrait
pas le lire : critique de l’éditeur, de l’intention annoncée de vulgarisation,
des compétences des auteurs, de la mise en page, de la communication médiatique.
Sur le fond, tout est démoli, que ce soit les citations, les convocations
historiques ou scientifiques, les raisonnements ; mais, par-dessus tout, ce qui
irrite les détracteurs est la mise à nu du pouvoir de l’idéologie sur la
science, qui a accompagné les dernières décennies. Mais il ne faut pas se
surprendre d’une telle réaction, sur un sujet qui, en France est extrêmement
sensible. De toute évidence, l’ouvrage dérange. Et je crois que c’est une bonne
chose.
Pour ma part,
je lui trouve trois grandes qualités : son sérieux, son honnêteté
intellectuelle, son accessibilité. Qualités très appréciables dans une
société qui trop souvent préfère le jugement à l’argumentation. Je suis particulièrement sensible au
dévoilement du pouvoir de l’idéologie matérialiste sur la science, alors que
celle-ci a toujours clamé être affranchie de toute influence idéologique,
quelle qu’elle soit. Cela n’est pas sans
me rappeler un phénomène similaire dans le domaine éducatif, qui depuis les
années 70, a été trusté par l’idéologie socio-constructiviste, laquelle a
conduit l’École à l’état de délabrement dans lequel elle se trouve
aujourd’hui. Ne serait-ce que pour
cela, cet ouvrage est à lire, mais il y a bien plus. Nous avons dans ce livre
une somme très riche d’outils permettant à toute personne curieuse de s’équiper
pour une réflexion personnelle. S’il fallait en évoquer la substantifique
moelle, je citerais cette phrase de Pasteur maintenant bien connue : « Peu
de science m'éloigne de Dieu, beaucoup m'en rapproche. »
La thèse
matérialiste qui a dominé dans le monde scientifique s’appuie sur des principes
intangibles tels que : l’univers ne peut avoir de début, « du néant rien ne
peut sortir » (Parménide), et de la loi de l’univers selon laquelle « rien ne se crée, rien
ne se perd » ; l’univers ne peut donc pas avoir de fin telle qu'une mort thermique car
cela impliquerait un début ; les lois déterministes sont issues du hasard et
donc il est fort peu probable qu’elles soient favorables à la vie. Malgré
la prédominance de ce courant dans le monde scientifique, des avancées ont été
faites et comme le résume très bien M.Y. Bolloré, finalement, « les
savants ont découvert ce qu’ils ne voulaient pas découvrir. » L’histoire
de ces avancées, parfois très
romanesque, est passionnante.
Après ce cheminement difficile, voici ce qui fait consensus aujourd'hui dans le monde scientifique: l'expansion accélérée de l'univers; la mort thermique future de l'univers ; la fin des étoiles et de toute vie dans 1030 années; dans 1030 à 1038 années, la désintégration des protons et la disparition des neutrons; dans 10100
années, la disparition des trous noirs; au-delà de 10100
années , la Dark Era ou mort thermique complète.
Mais l’ouvrage
ne s’arrête pas là. Les auteurs ont voulu présenter un autre angle d’étude afin
de compléter leur enquête. Après les preuves liées à la science, viennent les «
preuves hors sciences » qui abordent la question de l’existence de Dieu par les
écrits bibliques, le faits historiques, le raisonnement, la philosophie, la
morale, spiritualité. Cette partie est à mon sens moins forte que la précédente
et le titre seul pourrait d’emblée rebuter les athées ou agnostiques qui en
seraient arrivés à ce stade de leur lecture. Elle reste néanmoins intéressante.
En conclusion,
les croyants n’auront pas besoin de ce livre pour fortifier leur foi mais
néanmoins l’apprécieront pour la mise au jour sur le long terme et la démonstration rationnelle que les chrétiens ne souffrent pas "d'infantilisme mental" selon l'expression maintenant consacrée de Michel Onfray. Les athées
militants ne le liront pas, ce qui ne les empêchera pas de critiquer. Les
agnostiques y trouveront peut-être des réponses ou au moins approfondiront leur
réflexion. En tout cas, l’intention annoncée des auteurs a été atteinte ; ils
voulaient remettre dans le débat public la question de Dieu. Ils y sont arrivés
au vu du succès en librairie mais aussi des critiques et discussions qui ont
suivi. O.Bonnassies et M.Y. Bolloré souhaiteraient des débats publics. Espérons
qu’ils seront entendus.